Les extraits des votes !
Comme chaque année, le comité a sélectionné des extraits des votes des élèves et étudiants qui ont participé au Prix, pour ainsi mettre leur travail en valeur. Un premier texte, assez court, a déjà été publié dans Géoconfluences :
Le blog permet cette année de publier un bilan plus long, contenant plus d’illustrations et parlant, comme d’habitude, de tous les ouvrages en compétition. En effet, si Marie Bonte a remporté le Prix 2025 pour Nuits de Beyrouth. Géographie de la fête dans une ville post-conflit (ENS Éditions) étaient aussi sélectionnés : Rémi Barbier et Sara Fernandez (dir), Idées reçues sur l’eau et sa gestion (Le Cavalier bleu) ; Marc Brosseau, Tableau de la géographie littéraire (Puppa), François-Michel Le Tourneau, Chercheurs d’or (CNRS éditions), Sylvain Genevois, Matthieu Noucher et Xemartin Laborde, Le blanc des cartes, (Autrement).
Marie Bonte, Nuits de Beyrouth. Géographie de la fête dans une ville post-conflit (ENS Éditions).
Une première remarque revient souvent dans les votes pour Nuits de Beyrouth : la découverte d’une temporalité (la nuit) et d’un thème (la fête) que la géographie peut étudier. « Nous ne savions pas qu’on pouvait travailler en géographie sur la nuit et encore moins sur Beyrouth », (Lycée Louis Armand, Villefranche-Sur-Saône) ; « La fête est un sujet important lorsque l'on a 20 ans. Nous avons pu voir qu'elle peut devenir un moyen de s'exprimer, de résister, une stratégie pour continuer à vivre » (BTS Tourisme Lycée Bossuet, Lannion) ; « Thème très intéressant qui mélange les fêtes, la guerre et la vie sociale » (Lycée Fénelon Sainte Marie, Paris). Des lecteurs trouvent d’ailleurs des échos à leur parcours : « dans notre formation, quand on parle d’une ville, on parle plus de ses plages, de ses monuments, que de ses imaginaires. Et là, le livre décrit des imaginaires » (BTS tourisme, Lycée d’hôtellerie et de tourisme, Guyancourt).
La nuit, la fête, une ville, mais pas n’importe laquelle. Une ville marquée par les conflits, dont le nom raisonne de façon tragique dans l’actualité : « par le biais de ses analyses de la vie nocturne (qui est loin de se limiter à des pratiques de simple divertissement), l’autrice donne à voir et à comprendre les clivages de l’organisation spatiale de Beyrouth et ses recompositions, les tensions et contradictions de la société urbaine mais aussi sa capacité de résilience, de reconstruction » (HK Lycée Condorcet, Paris). « Nous avons trouvé ce livre très intéressant parce qu’il nous explique comment un sujet qui nous semble léger et normal comme sortir le soir peut en réalité montrer des choses très profondes sur un pays comme au Liban. Nous avons aimé le fait que cette œuvre nous a appris comment Beyrouth essaye de se reconstruire après la guerre civile, mais aussi après la guerre de 2006 contre Israël. Ce qui nous a marqué c’est de voir que malgré les divisions religieuses (entre chrétiens, sunnites, chiites…) de nombreux les jeunes cherchent des endroits pour se retrouver ensemble afin de recréer du lien malgré les différences » (Lycée de Villaroy, Guyancourt).
Ce qui a également beaucoup marqué les lecteurs, c’est l’expérience de terrain, le travail d’enquête minutieux réalisé par Marie Bonte : « pour ancrer son récit dans cette ville marquée par l'instabilité, sa démarche consiste à plonger le lecteur directement dans l'atmosphère pesante et intrigante de Beyrouth. Elle met en lumière les vécus des habitants et insère ceux-ci dans les conflits qui traversent le Liban. Loin de se limiter à une simple activité festive, la vie nocturne beyrouthine offre la possibilité d'un effacement temporaire des frontières identitaires et communautaires » (Lycée Marcel Gambier, Lisieux). « En tant qu’étudiant·es de licence de géographie, c’est pour nous un moyen de voir comment l'observation empirique permet de faire un diagnostic plus sensible de l’espace étudié, des pratiques et réalités qui lui sont associées. C’est aussi une manière de comprendre l’espace vécu des sujets, comme le définissait Henri Lefebvre, un espace à la fois difficile à expliciter avec une simple description, mais très riche en représentations » (Licence, Université Paris Nanterre).
HK Lycée Montaigne, Bordeaux.
Nuits de Beyrouth repose sur une géographie fondamentalement humaine, ce qui a été souligné dans de nombreux textes et manifestement très apprécié par les lecteurs : « en plus de sa valeur scientifique, l’ouvrage de Marie Bonte nous a touchés par sa dimension humaine : les nombreuses citations de témoignages directs rendent le texte très vivant, et cette qualité est encore renforcée par la méthode d’enquête participative de l’autrice, qui a travaillé elle-même comme serveuse dans un bar. Cette démarche montre clairement qu’une certaine empathie n’est nullement incompatible avec la distanciation intellectuelle indispensable au travail de terrain d’une géographe » (HK Lycée Condorcet, Paris).
HK Lycée Montaigne, Bordeaux
« 15% du livre sont consacrés à la place des minorités dans l'espace public et spécifiquement la nuit. En effet, le chapitre 6 intitulé "Empiètements. Vie nocturne et possibilités de Beyrouth" s'intéresse majoritairement à l'appropriation de l'espace par les minorités notamment LGBTQIA+. Marie Bonte nous indique ainsi que malgré la situation politique du pays, les minorités parviennent à s'approprier l'espace et la nuit est un véritable vecteur de libertés. Effectivement, bien qu'il y ait une certaine tolérance sociétale dans certains milieux urbains, l'homosexualité reste formellement illégale selon le droit libanais actuel (article 534 du code pénal Libanais) qui "criminalise les relations sexuelles "contre l'ordre naturel", ce qui a été interprété comme interdisant les actes homosexuels". Selon cet article de loi, toute personne ayant des relations homosexuelles peut théoriquement être poursuivie, condamnée et emprisonnée. Dans ce contexte, il est intéressant que l'auteure parle spécifiquement de cette thématique » (Licence, Université Jean Moulin, Lyon III). « Le chapitre 6 fait également écho à l’HGGSP par sa dimension politique. En effet, Marie Bonte explique comment les pratiques nocturnes peuvent remettre en question l’ordre établi et ouvrir de nouvelles perspectives pour les habitants. Un enjeu de puissance est marqué par l’appartenance nocturnes à des quartiers de Beyrouth » (Lycée Clémenceau, Nantes).
De nombreux textes témoignent des émotions suscitées par la lecture de Nuits de Beyrouth : « la ville semble suspendue entre le chaos et la beauté et l'on perçoit la volonté de vivre malgré tout, dans un halo de mélancolie (…) On voit que la fête à Beyrouth est plus qu'un simple loisir, c'est un outil de reconstruction après les conflits. On s'attache à cette ville qui veut faire la fête et pas la guerre ! » (Lycée Stéphane Hessel, Vaison-la-Romaine). « Marie Bonte « fait danser la géographie », sans oublier la transmission, celle du devoir de mémoire pour une ville qui « danse parce qu'elle saigne. Elle saigne alors elle danse ». Elle montre comment la fête recompose le territoire de la ville avec une temporalité spécifique » (HK Lycée de la Légion d’Honneur, Saint-Denis).
Quand le texte s’éclaire pour ressembler à une ville la nuit, Licence, Université de la Sorbonne, Paris.
« Au-delà de sa portée académique, Nuits de Beyrouth est aussi un texte profondément humain, traversé par des liens d’amitié, de gratitude et de mémoire. L’auteure rend hommage à celles et ceux qui ont partagé avec elle, un peu de leur nuit beyrouthine ainsi qu’à toutes les victimes du 4 août 2020. Ancrée dans une expérience de terrain et une écriture engagée, cette géographie de la nuit devient ainsi une manière d’habiter la ville, d’en faire un récit, et de penser la complexité d’un espace urbain en constante recomposition » (HK Lycée La Bruyère, Versailles).
Au final, ce qui ressort de la lecture de l’ouvrage lauréat, c’est la géographie et ce que cette science peut être, apporter, véhiculer. « Marie Bonte dépasse le cadre académique pour interroger le rôle social de la géographie : son travail devient un outil pour penser les transitions urbaines et les droits d'accès à l'espace public dans des contextes de crise » (Licence, Université Jean Moulin Lyon III). « Ce livre m’a ouvert les yeux sur ce que peut être la géographie : ce n’est pas juste des cartes, c’est aussi des émotions, des habitudes, des façons de vivre l’espace. Il m’a donné envie de voir la ville autrement, y compris la mienne » (Lycée Stéphane Hessel, Vaison-la-Romaine). « A travers son ouvrage, Marie Bonte nous rappelle que la géographie n’est pas seulement une science des cartes, mais aussi une géographie du perçu et du vécu, à travers des lieux habités, des frontières ressenties, des mémoires inscrites dans l’espace » (Lycée Descartes, Rabat). « En tant que lycéens, nous avons pu ouvrir les yeux sur une autre faconde voir la géographie : pas juste des cartes et des chiffres, mais des histoires humaines, des lieux chargés de sens et des comportements qui disent beaucoup sur la société c’est aussi un livre qui montre qu’on peut résister à la violence et aux divisions par des choses simples comme la musique, la danse ou le fait de sortir entre amis. (…) Ce n’est pas juste une étude, c’est un témoignage vivant, presque intime, d’une population qui essaye de reconstruire du lien social dans un espace marqué par les divisions et les blessures du passé » (Lycée L’Emperi, Salon de Provence).
Rémi Barbier et Sara Fernandez (dir), Idées reçues sur l’eau et sa gestion (Le Cavalier bleu).
Cet ouvrage a d’abord plu par sa construction particulière : « c’est une approche tout à fait originale de la géographie qui part d’une idée infondée afin de construire un raisonnement géographique fondé et nuancé, faisant appel à la science » (Licence, Université de la Sorbonne, Paris).
« L’argument principal du choix était la taille : il faisait nettement moins peur ! Mais dans les présentations des argumentaires des défenseurs du livre, cet aspect n’a plus du tout été mis en avant. C’est avant tout les réponses à des questions cruciales sur le manque d’eau et la gestion liée à l’agriculture qui revenaient, en lien avec des interrogations plutôt régionales liées à des situations vécues en Occitanie. Les exemples des communes en pénuries dans les lieux de vacances dans les Pyrénées orientales venaient en écho au livre, les limitations organisées par la Métropole de Toulouse (décision d’augmenter le prix de l’eau pour limiter la consommation l’été) et l’équité de la mesure étant discutées, ainsi que les politiques de lâchers pour conserver un débit d’étiage de la Garonne contre la consommation d’eau pour le maïs ont fait l’objet de discussions dans la classe. (…) Les questions géopolitiques ont été portées par les défenseurs du livre : comprendre les conflits pour l’eau à l’échelle locale (Sivens et Sainte-Soline sont assez proches de nous) mais également à l’échelle du monde où la remise en cause des traités entre l’Inde et le Pakistan sont entrés en résonance avec les lectures. Faire de la géographie de la France, avec des questions toutes proches a été particulièrement appréciés par la classe » (Lycée Bellevue, Toulouse).
Un petit ouvrage donc, mais fort et percutant, qui a suscité de nombreux débats et qui surtout est porteur d’espoir : « malgré la situation actuelle assez pessimiste et inquiétante, le livre n’est pas démoralisant. Il nous permet à la fois de prendre conscience des enjeux, sans pour autant nous laisser déprimés et sans solutions à la fin de la lecture. (…) Je m’attendais à ressortir encore plus angoissée après l’avoir lu et c’est plutôt l’inverse qui s’est produit ; l’ouvrage sensibilise, mais il garde une touche d’espoir » (HK, Lycée Albert Schweitzer, Le Raincy).
Là encore, le rôle de la géographie est souligné : « ce livre nous a fait réfléchir sur les enjeux économiques, politiques, environnementaux et sociaux liés à l’eau, trop souvent simplifiés. Les auteurs démontrent ainsi que la géographie est une discipline engagée, qui éclaire les enjeux du monde contemporain » (Lycée international des Pontonniers, Strasbourg) ; « ce livre laisse une place importante à la géographie dans l’édification de solutions, ce qui laisse entrevoir la puissance d’action et la force de proposition de la discipline face aux défis contemporains » (Licence, Université de la Sorbonne, Paris).
Marc Brosseau, Tableau de la géographie littéraire (Puppa)
Tableau de la géographie littéraire « propose une réflexion sur la géographie littéraire. Il y décrit la manière dont les œuvres littéraires représentent, construisent ou réimaginent des espaces et nous expose le lien qui unit auteur et lieu comme Balzac et Paris, Dos Passos et New York ou James Joyce et Dublin. » (Lycée Eugène Woillez, Montreuil sur Mer).
De nombreux passages de l’ouvrage ont fait écho aux programmes scolaires, des thèmes spécifiques ont éveillé la curiosité des lecteurs : « quelques éléments ont notablement retenu l’attention. La réflexion sur la littérature populaire et le racisme a particulièrement touché, avec les différents lectorats entre le Nord des États-Unis, appréciant « les romans régionaux ‘‘exotiques’’ représentant le Sud et la vie des plantations de coton avec ses riches aristocrates », et la réalité de l’esclavagisme au Sud. L’auteur ici nous montre comment différentes ethnies sont stéréotypées à travers la littérature » (Lycée Saint-Charles, Saint-Brieuc).
Le livre a plus particulièrement touché des élèves et étudiants amateurs de littérature, qui ont vu la fécondité et l’intérêt de l’interdisciplinarité : « en ayant une grande affection pour la littérature, je trouve que l’idée d’associer la géographie et la littérature est quelque chose de pertinent ! Très souvent, le fait d’avoir des renseignements géographiques sur les lieux, sur les dynamiques… nous permet de mieux saisir tout l’enjeu de l'œuvre en question et de mieux comprendre les dynamiques de l’histoire ou encore la caractérisation des personnages. Finalement, cela nous montre une multidisciplinarité des choses et que les matières finalement sont complémentaires les unes des autres et permettent de mieux se saisir chacune » (HK Lycée Georges de la Tour, Metz).
François-Michel Le Tourneau, Chercheurs d’or (CNRS éditions)
Avec Chercheurs d’or, les élèves et étudiants ont souvent découvert un terrain (la forêt amazonienne), un objet d’étude original (l’orpaillage clandestin et les garimpeiros) et un très solide travail de terrain, qui ressort dans tout l’ouvrage au travers des photos, dessins et enquêtes.
« La classe a particulièrement apprécié de voyager dans l’univers de la forêt amazonienne, dans le monde des chercheurs d’or de Guyane : découvrir les caractères concrets de l’orpaillage était « passionnant », les photographies du livre ont été particulièrement appréciées et commentées. Ce livre a fait peur au départ, notamment par sa taille, le fait qu’il soit publié aux éditions du CNRS, mais ceux qui l’ont défendu ont porté sa grande lisibilité » (Lycée Bellevue, Toulouse). « C’est un ouvrage rare, qui parvient à allier rigueur académique, sens de l’aventure et profondeur de réflexion (…). Loin d’un simple reportage ou d’une fiction, Chercheurs d’or repose sur une enquête de terrain solide, enrichie de réflexions personnelles et d’analyses fines, ce qui en fait un ouvrage à la fois crédible et vivant » (HK Lycée Montaigne, Bordeaux).
Les lecteurs ont largement souligné les apports de l’ouvrage et sa représentation à la fois subtile et complexe de la société que forment les garimpeiros : « cet ouvrage est un outil qui nous permet de mieux comprendre comment l’orpaillage clandestin redessine et transforme les territoires de la forêt guyanaise. En faisant la géographie des marges, l’auteur a pu mettre en lumière un espace à l’écart qui est l’objet de nombreux stéréotypes et représentations erronés » (Lycée Jacques Amyot, Melun) ; « cet ouvrage ne nie pas l’humanité des orpailleurs, qui apparaissent comme des acteurs géo à parts entières. Enfin, l’auteur ne glisse pas dans le jugement de valeur, il développe une pensée assez nuancée, au service d’une géographie de la complexité (…) un ouvrage utile car il aborde un sujet négligé, car la géographie ultramarine est souvent oubliée par les chercheurs métropolitains » (HK Lycée Henri IV, Béziers).
HK, Lycée Montaigne, Bordeaux
« Nous ne sommes que des lycéens, mais ce livre a été une prise de conscience pour beaucoup d’entre nous. Parce qu’il délivre de nombreuses informations, tout en montrant beaucoup de respect envers les garimpeiros, sa lecture nous interpelle et nous émeut » (Lycée Fulgence Bienvenüe, Loudéac).
Pour terminer sur Chercheurs d’or, laissons le mot de la fin à cet étudiant de Licence de l’Université Bretagne Sud (Lorient) : « si son titre peut laisser penser que l’ouvrage est complexe et peu abordable pour un public non averti, ce n’est pas le cas. Il est par ailleurs richement illustré, ce qui permet une meilleure compréhension et une véritable immersion dans cette enquête sur le territoire guyanais. En une phrase, on peut dire que ce livre est une pépite géographique ».
Sylvain Genevois, Matthieu Noucher et Xemartin Laborde, Le blanc des cartes, (Autrement)
Le dernier ouvrage en sélection portait, comme son titre l’indique, sur le blanc comme couleur signifiante des cartes. « À l’heure où les cartes numériques, interactives et participatives se multiplient, Le Blanc des cartes pose la question essentielle de leur conception : qui dessine, pour qui, et avec quelles intentions ? » (Lycée Simone Veil, Marseille). Les élèves et étudiants ont bien compris que « cet ouvrage cherche avant tout à nous faire prendre conscience que la carte en elle-même n’est pas la plus importante. Le plus important est ce qui se cache derrière » (Lycée Nelson Mandela, Pibrac).
« Le principe de mettre en lumière les parties ignorées des cartes » (Lycée Madeleine Michelis, Amiens) et « c’est une réflexion méta-géographique. Le vide est-il nécessairement du rien ? » (HK Lycée de la Légion d’Honneur, Saint-Denis).
Si le blanc est omniprésent dans l’ouvrage, une autre couleur a attiré l’attention de nombreux lecteurs : « le choix des couleurs, en dégradé de bleu turquoise, rappelle la dichotomie entre terre et mer. En tant qu’élève, il est surprenant de voir la couleur bleue être utilisée pour représenter autre chose que des espaces aquatiques » (Lycée Français Charles de Gaule, Londres). Esthétique et contenu s’allient pour produire de la connaissance : « se dégage de cet ouvrage de la beauté ; l’art de la carte y est assez poétique et émouvant » (HK Lycée de la Légion d’Honneur, Saint-Denis).
La carte est facile à comprendre. Elle est jolie. Elle est intéressante. Elle montre où les gens sont en grand nombre. C’est important pour voyager. C’est mieux pour comprendre la répartition. C’est important pour voyager. Je préfère la carte parce que je peux lire rapidement où les gens vivent. ça nous permet de comprendre où les gens vivent facilement et les pays. Lycée Maurice Utrillo, Stains
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Regardons, non pas avec les yeux, mais avec ce qui dérange ; ce que l’on cache, la conscience. Ce n’est pas un simple livre, c’est une lumière jetée sur des zones d’ombres ; celles que notre regard évite. Car ce livre nous montre ce qu’on ne veut pas voir. Tout ce qui n'est pas nommé ou désiré semble exister. Le blanc des cartes renverse cette logique. Il montre que les silences sont des choix et que les oublis sont des actes. On gomme pour mieux effacer les responsabilités. L’auteur nous emmène dans les coins opaques, transparents ; dans ces marges où il faut montrer les peuples délaissés et les terres volées. Ce n’est pas une accusation contre la carte, mais un cri de douleur pour ce qu’elle cache. Alors oui, Le blanc des cartes dérange car il dévoile. Il nous tend un miroir et nous oblige à voir, mais c’est pour ça qu’il est nécessaire. Ce livre doit être lu par devoir de lucidité, au-delà de sa connaissance ; car le courage est d'avoir les yeux sur les parts d’ombres et par sur ce qui brille déjà !
Lycée Champollion, Figeac |
Le Blanc des cartes a suscité de nombreuses réflexions sur la carte : « ce livre est très intéressant pour les lycées et les plus grands car il pousse à réfléchir autrement à ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas sur les cartes. (…) Nous trouvons que ce livre donne vraiment envie d’aller au-delà de ce qu’on connait, de voir ce qu’il y a dans ces espaces blancs et d’y trouver du sens » (HK Lycée Saint-Sernin, Toulouse). « Le Blanc des cartes enrichit les connaissances géographiques en montrant que les cartes ne sont jamais neutres, les zones blanches sont souvent le résultat de choix politiques, culturels ou techniques. L’ouvrage complète les enseignements du lycée sur la représentation de l’espace, les inégalités et les rapports de pouvoir. Il ouvre une réflexion critique sur la cartographie en révélant que l’absence d’information est parfois volontaire, et peut refléter des logiques d’invisibilisation, de domination ou d’ignorance assumée. Cela amène à repenser la carte comme un outil de pouvoir autant que de connaissance. Accessible grâce à un langage clair, des exemples variés et des cartes parlantes, le livre s’adresse autant aux lycéens curieux qu’aux étudiants en sciences humaines. Il constitue un support efficace pour développer l’esprit critique et une lecture géopolitique du monde » (Lycée Saint-Charles, Saint Martin de Crau). « Nous nous apercevons que l’outil carte est encore plus passionnant qu’on ne l’imagine. Dans notre salle nous avons une immense carte (avec l’URSS dessus certes, mais qui prend tout un mur) cette carte devient notre lieu de ralliement aux intercours, regarder où se trouve tel lieu, à distance de, pourquoi cette représentation, nous l’actualisons à l’aide de post-it, nous en faisons le support de certains de nos exposés, au lieu du blanc, nous en faisons une carte avec des pixels multicolore » (Lycée Desfontaines, Melle).
Les thèmes explorés dans l’ouvrage ont parlé aux élèves et étudiants : « la mise en valeur de sujets rarement évoqués en géographie, par exemple le nombre et la répartition des femmes aux foyers dans le monde, valorisant ainsi celles-ci » (Lycée Madeleine Michelis, Amiens) ; « (Google Earth) C'est un projet à échelle mondiale mais cependant incomplet : les zones difficiles d'accès comme l'Amazonie ne peuvent être cartographiées et révèlent le périœkoumène et l'anœkoumène terrestre (forêt amazonienne, toundra et taïga de la Sibérie, inlandsis antarctique), espaces très peu ou non peuplés » (Lycée Jean-François Millet, Cherbourg-en-Cotentin). « Ce livre est d’une actualité sans précédent parce qu’il parle à la génération actuelle. Les « WI- FI Refugees » des pages 94/95 seront identifiés par les lecteurs néo-ruraux comme les pionniers de cette (ré)implantation au sein de la nature, dans le total désert électronique que le frère de Saul Goodman aurait tant désiré connaître. Dans une société individualiste toujours plus pressée et pressante se concentrer sur le vide peut souvent faire du bien. J’ai d’ailleurs moi- même mis un certain temps avant de comprendre que la carte toute blanche de Lewis Caroll (P. 16-17) n’était pas un bug du fichier PDF. Notre cerveau est en perpétuelle demande d’informations : l’open data (P. 26) répond à cette demande au prix de l’ignorance de ce qui n’est pas supposé nous intéresser. L’Atlas prend ce temps pour nous » (Licence, Université de la Sorbonne, Paris).
Lycée Michelis, Amiens
Il est passionnant de voir que les thèmes abordés dans l’ouvrage font écho aux parcours scolaires, aux programmes, mais aussi au vécu des élèves et étudiants : « nos migrations, nos pays d’origine, ont été sujets de discussions, en étudiant ensemble les cartes du monde et en particulier de l’Afrique. C’étaient des moments d’écoute, d’échange et de découverte ! Nous avons aussi apprécié Le Blanc des Cartes car nous avons traité des parties du programme de CAP avec des pages du livre. Par exemple, avec la carte « Personne n’habite ici » sur les densités de population. (…) Nous nous sommes questionnés sur notre mode de vie aujourd’hui et notre manière de communiquer avec les autres. Nous avons d’ailleurs fait un jeu de rôle autour des thématiques abordées dans ces cartes et monté une petite émission radio, dont vous trouvez le lien ci-dessous » :
https://tube-arts-lettres-sciences-humaines.apps.education.fr/w/hzWTv6Zs6haZGnvHCtwFdX
(1 CAP MIS, LP Tony Garnier, Bron).
« Le sujet traité dans cet ouvrage était original voire posait des questions que nous n’imaginions même pas. Nos lectures à venir des cartes en sera désormais différentes. Cet ouvrage nous a donc particulièrement fait échanger et réfléchir » (Lycée Joliot-Curie, Rennes)
« Le vide apparent n’existe pas ici. Il contient toujours quelque chose – une histoire, un enjeu, une perspective – qui reste à découvrir. À travers cet Atlas des « vides » spatiaux, Le blanc des cartes nous enseigne que notre rapport à l’espace ne consiste pas à combler les silences, mais à les écouter et à les comprendre comme des expressions essentielles, représentatives de la complexité du monde... » (Licence, Université de la Sorbonne, Paris).
HK Lycée Carnot, Dijon
Pour finir
De nombreux votes insistent sur ce que le Prix a apporté aux lecteurs sur ce qu’est la géographie. Une science indispensable, humaine, complexe et passionnante, souvent engagée.
C’était l’objectif premier de la création du Prix du Livre de Géographie des Lycéens et Étudiants en 2020 : faire découvrir et aimer cette discipline souvent malmenée et galvaudée, réduite à des localisations sur une carte et des thèmes peu enthousiasmants. Or, la géographie est riche, foisonnante, plurielle par ses terrains et ses objets, toujours surprenante.
Lycée Eugène Woillez, Boulogne-sur-Mer.
Lycée Eugène Woillez, Boulogne-sur-Mer.
Les mots des Lycéens du Lycée Bellevue (Toulouse) raisonnent donc d’un écho particulier et sont porteurs d’un espoir partagé : « Toute la classe remercie les organisateurs du prix, qui nous ont permis de participer dans de bonnes conditions à cette aventure de lecture (nous vous remercions, ainsi que le ministère pour la subvention). Beaucoup d’élèves finissaient leur argumentaire en disant que le livre, qu’ils défendaient, qu’ils aimaient, ne ressemblait pas à un livre de géographie, en espérant que cette idée reçue sur la géographie s’évanouisse peu à peu avec cette expérience ».
Merci à tous les élèves et étudiants d’avoir participé à cette belle aventure qu’est le Prix. Merci pour vos votes, votre investissement, votre créativité, votre courage aussi, car ce n’est pas anodin d’ajouter de telles lectures à une année scolaire déjà chargée.
Merci à tous les enseignants qui encadrent leurs classes et groupes, de la découverte de la sélection à l’envoi du vote. C’est du temps, de l’énergie, un investissement considérable : sans vous, le Prix n’existerait pas, alors mille mercis pour votre confiance et votre participation.
Merci aux auteurs, qui cette année encore sont allés à la rencontre des classes, ont animé des soirées (en collaboration avec l’APHG), se sont rendus disponibles pour expliquer leurs ouvrages mais aussi participer à faire vivre la géographie. Merci à leurs éditeurs d’avoir accepté encore une fois de confier les ouvrages en PDF aux lecteurs.
Et enfin, merci encore aux soutiens du Prix. L’organisation du Prix bénéficie en effet du soutien du Festival International de Géographie (FIG), de l’Inspection Générale d’Histoire et de Géographie, de la DGESCO, de l’AP Géo, de l’APHG Association des Professeurs d'Histoire Géographie, de l'Association Les Clionautes, de l’Association de Développement du Festival International de Géographie de Saint-Dié-des-Vosges (ADFIG), du CNFG, de Géoconfluences, de l'APROGET Le réseau de la géographie en BTS tourisme, de Géographies en mouvement, de La Géothèque, des Cafés Géographiques, de l’Association fédérative Nationale des Étudiant.e.s en Géographie, aménagement, urbanisme et environnement (AFNEG), de la Ville de Metz et du Crédit Mutuel Enseignant de Metz.